MC SOLAAR

 

MC Solaar (1969- ), auteur, compositeur et interprète français, le plus populaire des rappeurs français.

Né à Dakar, au Sénégal, de son vrai nom Claude M’Barali, MC Solaar — MC (Master of Ceremony) signifie «!maître de cérémonie!» — grandit dans la banlieue parisienne. Il poursuit des études de lettres (anglais, espagnol), tout en enregistrant avec des amis, dans un studio improvisé, les premières moutures de ses futurs succès. Au moment où la vague du rap déferle sur la France, «!Bouge de là!» (1990) est une véritable révélation, qui a vraisemblablement très largement contribué à populariser un style de musique jusque-là presque exclusivement apprécié des jeunes Noirs des zones urbaines. En effet, à côté des groupes de rap aux textes approximatifs et à la thématique violente, MC Solaar propose une écriture élaborée et une ambiance toute différente. Un second titre, «!Victime de la mode!», confirme cette première impression, et l’album qui suit en 1991, Qui sème le vent récolte le tempo, avec en particulier «!Caroline!», lance définitivement la carrière du jeune rappeur.

En raison de la qualité très littéraire de ses textes, en raison aussi, très certainement, de son succès, il se retrouve rapidement pris entre deux feux : adopté par l’intelligentsia et les milieux cultivés en général, il se voit accusé de compromission avec le «!système!» par d’autres rappeurs. MC Solaar, qui ne figure pas dans les compilations de rap français (Rapattitude I et II) — pour ces mêmes raisons!? —, poursuit ainsi son chemin en solitaire. Reconnu à l’étranger — il collabore avec le rappeur américain Guru sur la compilation Jazzmatazz, avec le groupe anglais Urban Species, etc. , il est devenu en France le rappeur que l’on oppose à d’autres, comme NTM, plus radicaux, plus provocateurs (et pour cette raison abusivement assimilés par certains aux «!casseurs des banlieues!»). Ses deux derniers albums, Prose combat (1994) et Paradisiaque (1997), montrent à l’évidence que le chanteur tire plus ses références de Serge Gainsbourg (auquel il rend hommage en samplant «!Bonnie and Clyde!» sur «!Nouveau Western!»), que de la culture des ghettos noirs américains.

Considérant toutefois qu’il a une responsabilité et un message à faire passer face aux problèmes de l’intégration et du racisme, MC Solaar incarne un retour à la «!chanson à texte!» : ses œuvres resteront sans doute l’un des plus beaux exemples de création engagée, à la façon de Léo Ferré.